Sans-titre (E.V.A)
Le 3 juin 1965, lors de la mission Gemini 4, Edward White fut le premier américain à faire une E.V.A (sortie extra véhiculaire), c’est à dire à sortir en apesanteur à l’extérieur de la capsule de la fusée, sortie qui dura une vingtaine de minutes. Comme pour toutes les missions spatiales, il en existe une retranscription extrêment détaillée. Ainsi ce dialogue entre Edward White (C), James Mc Divitt (P), et la station de contrôle (CC). Par rapport à la rigueur extrême qui accompagne ce type d’évènement, le dialogue retranscrit est totalement incongru, White passait progressivement d’un personnage à un autre au fur et mesure qu’il s’immerge dans l’espace, il cherche implicitement la séparation d’avec le monde. Progressivement, la station puis son coéquipier perdent le contact, et White rechigne à regagner la capsule. Il finit par rentrer en disant que c’est le moment le plus triste de sa vie. Plus loin, Mac Divitt lui dit qu’il avait l’air d’être dans le ventre de sa mère. Pendant tout ce moment, quelque chose n’était plus sous contrôle.
Le dispositif est constitué de trois moniteurs, chacun représentant un des acteurs de l’évenement. La retranscription du dialogue entre White, Mc Divitt et la station de control prend la forme de sous-titrages dans chacun des trois moniteurs. La simplicité du procédé vise à rendre palpable les différentes positions des protagonistes. La dramaturgie intrinsèque aux dialogues vient alors contaminer le dispositif de diffusion lui-même. Le noir de l’écran vide,donc de l’objet-écran entre en correspondance avec le vide interstellaire, la dissociation des personnages dans chaque écran renvoie à l’éloignement géographique, communicationnel et existentiel en ce qui concerne l’expérience de White, et d’un autre coté l’ambiguïté persiste puisqu’il sont d’une certaine manière tous prisonnier de ce dispositif.
On June 3, 1965, during the Gemini 4 mission, Edward White became the first American to make an EVA (extra-vehicular activity), or in other words, to remain weightless outside of the rocket’s capsule, which lasted more than thirty minutes. As with all space missions, an extremely detailed transcript recorded the dialogue between Edward White (C), James McDivitt (P), and the control station (CC). Compared to the extreme rigor that usually accompanies this kind of event, the transcribed dialogue is completely incongruous. White gradually shifts from one character to another when he is immersed in space, implicitly seeking separation from the world. Gradually, the station and then his teammate lose contact, and White reluctantly returns to the capsule. When he finally returns, he says that it is the saddest moment of his life. Later, McDivitt said it looked like he was back in his mother’s womb. Throughout this experience, something was out of control.
In the exhibition, the installation device consists of three monitors, each representing one of the actors from the event. The transcriptions of the dialogues between White, McDivitt and the control station are presented in subtitles on all three monitors. This simple process is meant to make the protagonists’ different positions palpable. The dialogue’s drama is so intrinsic it contaminates the diffusion device itself. The darkness of the blank screen, itself becoming an object, enters into a correspondence with the interstellar void. The separation of the characters onto different screens refers to the geographical, communicative and existential distance of White’s experience, and at the same time, represents the ambiguity that persists in some form for all prisoners of this device.
Installation, 2011
Moniteurs, mediaplayers, support.
180 x 20 x 50 cm